𝙻𝚎 𝙻𝚢𝚜 𝚍𝚎 𝚏𝚎𝚞, 𝙻𝚊 𝙿𝚛𝚘𝚙𝚑é𝚝𝚎𝚜𝚜𝚎 𝚙𝚊𝚛 𝙹𝚊𝚌𝚚𝚞𝚎𝚕𝚢𝚗 𝙱𝚎𝚗𝚜𝚘𝚗

AuteurePaysTraducteursIllustratriceAnnéeNbre de pageMaison d’éditionImprimé enPrix
Jacquelyn BENSONEtats-UnisBérangère AMADIE et Liliane-Fleur C.Alice DUKE2021542RivkaUnion Européenne18€

Lily possède le pouvoir de lire dans le futur, et le futur la renseigne perpétuellement sur la mort des personnes qu’elle croise. Une mort toujours inévitable malgré ses multiples interventions pour éviter la catastrophe à chaque vision.

Un matin au réveil, une vision la transperce : sa seule amie va mourir et ses derniers mots seront « suceur de sang » pour désigner son meurtrier. Y aurait-il un rapport avec le fameux vampire qui fait la une des journaux pour avoir déjà tué plusieurs médiums dans ce Londres hivernal en les vidant de leur sang ?

En enquêtant sur ce mystérieux vampire, Lily pourra-t-elle enfin déjouer l’avenir et sauver son amie avant que l’inévitable ne se produise ?

« Lilith Albright filait à travers la lande sur sa mobylette bringuebalante, cramponnée à l’accélérateur comme s’il était possible d’échapper à l’inévitable.
La vaste campagne, recouverte de nuages noirs fuyants, s’étendait à perte de vue, les champs bruns entrecoupés de murets de pierre décrépits et de haies d’ajoncs biscornus. Le vent charriait la froide morsure de cet hiver sans fin. Ce n’était pas une journée idéale pour une virée, mais Lily n’avait pas sorti la Triumph verte couverte de boue pour une agréable promenade. »

J’étais assez enthousiaste à la lecture de ce roman, il a tout pour me plaire, des Hommes porteurs de pouvoirs magiques mélangé à une enquête teintée de surnaturelle, le tout dans l’Angleterre de 1914. L’illustration de la couverture par Alice Duke est magnifique et j’aurais adoré en avoir plus à l’intérieur du bouquin.

Le début commence franchement, Lily a directement la vision de la mort de son amie dans le premier chapitre et décide d’enquêter et d’essayer d’avoir d’autres visions pour résoudre la mort de celle-ci avant qu’elle ne se produisent. J’ai bien aimé ce côté sans préambule, c’est agréable d’avoir un personnage qui se décide de faire quelque chose assez rapidement et d’essayer d’y mettre les moyens. Lily sera attachante pour certains lecteurs et détestable pour les autres, elle a un côté très têtu et très tête brûlée. L’action se passe début 1914, et nous avons affaire à une protagoniste avec un côté libéré chevauchant sa fidèle moto pour parcourir la ville à la recherche d’indice. Lily pensant être la seule au monde à avoir un pouvoir ; elle rejette pendant très longtemps ses semblables et malheureusement, à la longue, cela finit par agacer même si effectivement, on peut comprendre qu’elle soit désorientée par la nouvelle. Je pense que le récit aurait gagné à ce qu’elle accepte le pouvoir des autres – et les extensions du sien – sans aucun scepticisme.

Les autres personnages croisés dans le récit ont tous une voix et une identité propre. On se retrouve donc avec des personnages secondaires, voire tertiaires, très convaincants grâce aux petits détails disséminés par l’auteure, et qu’on peut très bien s’imaginer. Le récit est, de plus, saupoudré d’un petit humour un peu british, très agréable.

En soit, le livre nous dévoile assez vite l’identité du coupable et pour les plus férus de polars, le « comment » est très vite donné en indice, et ce, assez tôt aussi dans le récit. Ici, ce qui est surtout intéressant, c’est de trouver le « pourquoi » des actions du tueur au côté de Lily. J’ai beaucoup aimé cette trame, ça change des « whodunnit » habituels et la psychologie du criminel est très bien exploitée.

Si je ne dis pas de bêtise, c’est le premier roman de l’auteure, et elle l’a même publiée en indépendant et ça se ressent. Les descriptions sont bien écrites, mais elles alourdissent le récit et celui-ci perd énormément en dynamisme. Pour certains, ça empêchera d’aller bien loin dans l’histoire, et c’est bien dommage.

Les actions s’enchaînent cependant assez rapidement à partir de la fin du premier quart du roman malgré l’omniprésence des descriptions, qui parfois, posent le décor – et c’est bien – et qui parfois sont hors sujet – et ça, c’est mal. Typiquement à la fin du roman, Lily est coincée dans un manoir et s’enfuit, et l’auteure trouve le temps de nous décrire le plafond d’une salle de bal que Lily va traverser en deux secondes et ne jamais y revenir. C’est trop lourd pour le récit, et c’est surtout assez inutile d’avoir une précision de ce genre car elle coupe l’action et le suspens de la fuite.

On se retrouve aussi avec une narration – du point de vue de Lily – qui nous explique tout et c’est insupportable. On a l’impression que l’auteure ne fait pas assez confiance à ses lecteurs pour relier les points A et B de lui-même ; et je dois avouer, c’est quelque chose que je n’aime pas dans un récit. Il faut faire confiance au lecteur qui lit – ou écoute – une histoire.

J’ai aussi un petit problème avec la relation de Lily et son amie qui va mourir, on ne ressent absolument pas leur amitié. A chaque fois que Lily la croise, Lily pense aussi tôt à partir de chez son amie, à ne pas savourer les boissons qu’elle lui donne, ni sa gentillesse, et encore moins ses pouvoirs de médium dont elle n’y croit rien. Je trouve ça, là encore, dommage, dans une histoire où cette relation d’« amitié » est censée faire sortir Lily de sa coquille sociale et est le point de départ de l’histoire.

J’ai aussi un autre soucis avec la relation de Lily et sa mère. En gros, la mère de Lily était une très belle actrice qui a eu une relation avec le père de Lily, un homme marié avec deux fils. Et au fil du récit, Lily n’arrête pas de dire que sa mère est une prostitué et la dénigre, et je ne comprends pas absolument pas pourquoi. On ne nous indique à aucun moment que la mère de Lily a eu d’autres aventures que celle-ci et on nous indique plus tôt que son amant l’aimait énormément et que c’était réciproque. Donc voir Lily rabaisser sa mère sans arrêt aux autres personnages, est très bizarre, je ne comprends pas ce point. Surtout que Lily est elle-même assez ouverte en ce qui concerne sa sexualité donc bon…

Donc voilà, il y a des défauts, certes, mais l’histoire et son arrière-plan m’ont plu, je brûle d’envie de savoir ce qui va se passer par la suite. Surtout qu’on ne parle pas trop de la première guerre mondiale pour l’instant, puisque l’action se déroule en janvier / février 1914 et que la mort de l’archiduc se déroule en juin de la même année. C’est le premier roman de l’auteure et j’ai hâte de voir l’évolution de son écriture dans les prochains tomes.

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